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216. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Mais ces rapports ne sont pas « constans », et ils ne sont pas « nécessaires. » Il arrive, dit-on, fréquemment, que le rapport soit le même entre la longueur de la tête humaine, par exemple, et la longueur du buste ou du corps tout entier. […] Ce serait parler chinois, ou plutôt ce ne serait rien dire, que de dire « qu’un corps plongé dans un fluide perd de son poids le poids du volume de ce fluide qu’il déplace », si nous n’avions au moins quelque idée de ce que c’est qu’un corps, un fluide, un poids, un volume, et de quelques autres choses encore. […] Mais ces relations, nous l’avons vu, ne sont elles-mêmes « scientifiques » qu’autant qu’elles sont « constantes » et « nécessaires » ; et c’est ce qui distingue la relation qu’exprime le principe d’Archimède de celle qui se traduirait dans la phrase suivante : « Au moment qu’il la croyait perdue, Bonaparte gagna la bataille de Marengo. » Il faut, à l’établissement du principe d’Archimède, qu’un corps soit toujours un corps, un fluide toujours un fluide, un poids et un volume toujours un volume et toujours un poids. […] Il faut qu’il y ait du corps, et des fluides, une définition fixe, et une notion commune, générale, universelle. […] Mais, corps ou fluides, quand de l’idée que nous nous en formons, nous avons écarté tout ce qui s’y peut mêler de variable ou de circonstanciel, la définition scientifique s’en trouve composée de ce qu’il y a d’identique et de permanent en eux.

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