— Si l’on considère la distribution des êtres organisés à la surface du globe, le premier fait dont on soit frappé, c’est que ni les ressemblances ni les dissemblances des habitants des diverses régions ne peuvent s’expliquer par des différences climatériques ou par d’autres conditions physiques locales. […] Il est universellement admis que, dans la plupart des cas, l’aire habitée par une même espèce est parfaitement continue ; et lorsqu’une plante ou un animal habite deux points très éloignés l’un de l’autre ou séparés par une barrière telle qu’elle ne saurait avoir été franchie par les représentants de cette même espèce, on considère le fait comme exceptionnel et extraordinaire. […] On considère à tort de tels moyens comme accidentels, car les courants de la mer n’ont rien que de très fixe, et même la direction moyenne des vents est constante dans un même lieu. […] Mais le grand fait qu’il faut bien considérer, c’est que toutes les productions tropicales doivent avoir souffert jusqu’à un certain point. […] Nous ne saurions espérer pouvoir rendre compte de tels faits, jusqu’à ce que nous puissions dire pourquoi telle espèce plutôt que telle autre s’est naturalisée par l’intermédiaire de l’homme sur une terre éloignée ; et pourquoi l’une a une extension du double ou du triple, et compte le double et le triple d’individus sur un même espace, comparativement à une autre espèce, également considérée dans sa patrie naturelle.