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742. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Quand la majorité des esprits qui coudoyaient le sien ne voyait dans le romantisme que le soubassement protestant et le triomphe de l’individualité littéraire, le futur historien catholique y discernait le grand côté profond et vrai, la revanche tardive du sentiment historique et de la conscience d’une société, foulée aux pieds pendant trois siècles. […] L’honneur des peuples est comme l’honneur des femmes : si les violées de l’histoire sont des héroïnes parce qu’elles ont tué leurs Tarquins ; un peuple catholique, violé dans sa conscience et violé dans son territoire, devait-il laisser faire ses profanateurs ? […] Pas plus que le fait en lui-même de la Saint-Barthélemy, engendré par l’opinion du temps, sorti de ses entrailles, — plus que de ses entrailles : de sa conscience en colère, c’est-à-dire de ce que les hommes ont tout ensemble de plus profond et de plus violent, — Audin n’a compris les grandes personnalités de l’époque qu’il a essayé de raconter. […] Mais, consciencieux et de cette conscience qui sait, s’indigne et repousse, Audin, partial de vérité, a poussé la passion du vrai jusqu’à n’employer exclusivement contre les protestants que les textes protestants !

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