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403. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Bien longtemps après que les divisions par familles ont cessé de s’imposer officiellement à l’organisation de la cité antique, les descendants d’un même sang reprennent, à de certaines fêtes, la conscience de leur parenté153. […] Et il est vrai que les exigences de notre organisation économique, fondée sur la division du travail, et, parquant, trop souvent, l’homme dans la profession, empêchent la dissolution de la « conscience de classe ». […] Que chacun de nous fasse, autant qu’il le peut, un examen de conscience sociologique, qu’il dresse le compte des sociétés grandes ou petites, anciennes ou nouvelles, spontanées ou volontaires dont il fait partie à quelque titre que ce soit, et par lesquelles il se trouve en relations, expresses ou tacites, actuelles ou virtuelles, avec les associés les plus différents, qu’il compare cet enchevêtrement de chaînes diverses à la rareté de celles que peut distinguer le primitif, enfermé dans son clan, — et il comprendra que si le progrès de notre civilisation nous entraîne vers l’égalitarisme, l’accroissement de la complication sociale — accompagne aussi le progrès de notre civilisation. […] Si les ressemblances qui s’établissent entre individus, naguère répartis en masses toutes différentes, aident à la constitution de l’idée des droits de l’humanité parce qu’elles élargissent la « conscience de l’espèce », la complication de leurs associations y travaillera plus directement encore, en élargissant le concept même de société.

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