On verra qu’en défendant la religion, nous n’attaquons point la sagesse : nous sommes loin de confondre la morgue sophistique avec les saines connaissances de l’esprit et du cœur. […] Platon, ce génie si amoureux des hautes sciences, dit formellement, dans un de ses plus beaux ouvrages, que les hautes études ne sont pas utiles à tous, mais seulement à un petit nombre ; et il ajoute cette réflexion, confirmée par l’expérience, « qu’une ignorance absolue n’est ni le mal le plus grand, ni le plus à craindre, et qu’un amas de connaissances mal digérées est bien pis encore149. » Ainsi, si la religion avait besoin d’être justifiée à ce sujet, nous ne manquerions pas d’autorités chez les anciens, ni même chez les modernes. […] Les grands hommes peuvent seuls comprendre ce dernier point des connaissances humaines, où l’on voit s’évanouir les trésors qu’on avait amassés, et où l’on se retrouve dans sa pauvreté originelle. […] Locke emploie les trois premiers chapitres du quatrième livre de son Essai sur l’entendement humain, à montrer les bornes de notre connaissance, qui sont réellement effrayantes, tant elles sont rapprochées de nous. […] Essai sur l’Origine des Connaissances humaines, tom.