Et il a imaginé une théorie de la douleur qui correspond exactement à son cas particulier : avec une rare puissance d’analyse, à travers des images frappantes d’éclat et de précision, il montre la douleur se développant sans cesse, devenant plus aiguë, plus envahissante à mesure que l’on monte dans la série des êtres : elle n’atteint que la volonté, mais elle s’accroît en degré avec la connaissance : « La volonté est comme la corde d’un instrument, l’obstacle qui le froisse produit la vibration ; la connaissance est le fond sonore, la douleur est le son. » Plus l’instrument est parfait, plus la résonnance est profonde, plus les vibrations rapprochées produisent des sons déchirants. […] La sévérité de ses jugements a mis en méfiance, et cette méfiance, une fois excitée, a empêché de rendre justice à ses qualités, à l’amplitude de son intelligence, à la solidité de ses lectures et de ses connaissances, à l’aisance avec laquelle il remuait les idées, à la loyauté de sa pensée, à l’effort constant et héroïque que représente le chemin parcouru de son point de départ à son point d’arrivée, à son œuvre enfin, qui a des défauts, qui manque de souplesse, de grâce et de charme, mais qui exprime une individualité puissante et noble, digne de figurer en bonne place dans la galerie de ceux qui ont illustré ou honoré la seconde moitié de ce siècle. […] Avec sa vaste érudition, sa dialectique serrée et toujours prête, la précision de ses connaissances, la netteté de ses points de vue, M. […] La foi est la connaissance de la vie humaine, connaissance qui fait que l’homme ne se détruit pas, mais vit. […] Grâce au beau talent de ses maîtres les plus brillants, le naturalisme a rendu d’incontestables services à la cause des lettres pures ; mais, reposant sur une fausse conception de la science et sur des connaissances scientifiques d’ailleurs par trop rudimentaires, il a bientôt montré son insuffisance, surtout quand des esprits sans pondération se sont avisés de le pousser jusqu’à ses dernières conséquences.