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49. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

On peut juger jusqu’à un certain point un homme par ce qu’il fait dans des circonstances où il agit visiblement par choix ; mais, pour le connaître vraiment, il faudrait connaître ce qu’il désirait de faire : on peut blâmer ou approuver ce qu’un homme a fait, on peut décider quelquefois d’après ses actions, mais pour apprécier sa personne et en porter avec justesse un jugement favorable ou défavorable, il faudrait savoir ce qu’il eût fait dans un sort favorable à ses desseins. Ainsi, quand on dit que c’est dans l’adversité qu’on connaît les hommes, c’est une sentence trop vague. […] Ainsi, dans l’adversité, les hommes laissent apercevoir leurs faiblesses ; mais il faut les voir dans la prospérité pour connaître leur mérite. […] « Sans doute nous ne pouvons juger que d’après les apparences ceux que nous connaissons très-peu, mais méfions-nous du moins de nos conclusions. […] « Il est bon d’être au milieu de la vie : les regrets et les reproches ont une place arrêtée dans nos souvenirs ; nous connaissons nos négligences, nos inadvertances, nos tiédeurs, toutes nos faiblesses.

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