Entre les deux penchants les plus marqués de notre esprit, le désir de connaître et le besoin de se fixer, le premier est si excité par la nouveauté et la richesse des objets à connaître, qu’il parvient à tromper le second, et qu’il prend possession de l’esprit tout entier. […] Qu’est-ce donc que la faim de se connaître, qui ne doit pas nous amener à distinguer en nous le bon du mauvais, à faire un choix, sinon l’extrême raffinement de l’amour de soi ? J’ai peur que ce ne soit pour s’aimer, que Montaigne est si affamé de se connaître, et que le mauvais qu’il voit en lui ne lui paraisse simplement une chose différente du bon. […] du xvie siècle, et chercher ce qu’il faut savoir, pour connaître ce qu’il faut faire. […] Mais après la gloire de guérir qui est donnée a si peu, la plus belle consiste à nous faire connaître notre mal et les ressources de notre nature, et par ce compte de nos faiblesses et de nos forces, à entretenir jusqu’à la mort le désir et l’espoir de la guérison.