L’abbé de Saint-Pierre s’était fort lié, dans son cours de philosophie au collège des jésuites de Caen, avec un de ses jeunes compatriotes, Varignon, qui allait s’illustrer dans la géométrie et qu’Euclide conduisit directement à Descartes. […] Après trois ou quatre ans donnés à la physique, à laquelle il eût été propre peut-être plus qu’à aucun autre objet, désirant surtout faire servir ses progrès personnels au bonheur des hommes, il suivit l’exemple de Pascal et de Socrate, il passa à l’étude de la morale ; et comme celle-ci ne trouve guère son application en grand et son développement qu’à l’aide des lois et des institutions civiles, il fut conduit nécessairement à s’occuper de politique : car nul esprit n’était plus docile que le sien à mettre en pratique et à suivre jusqu’au bout la série de conséquences qui s’offraient comme justes.