Pasquier lui répond que si l’on pouvait librement choisir, et que si l’on était à commencer sa carrière, il faudrait appliquer ici le précepte des médecins sur la peste : Partir tôt, aller loin, et revenir tard : « Mais puisque chacun de nous a passé plus de la moitié de son âge, même que vous, depuis dix-sept ou dix-huit ans en çà, avez été appelé aux plus belles charges de notre robe, il me semble qu’il nous faut résoudre de vivre et mourir comme bons citoyens avec notre État. » Le conseil qu’il donnait là à Pibrac, il le pratiqua aussi pour lui-même : on le vit dans la seconde moitié de sa carrière, lorsqu’il eut passé du barreau dans les rangs de la haute magistrature et qu’il fut devenu avocat général en la Cour des comptes (1585), en remplir tous les devoirs, y compris l’exil, et s’attacher invariablement à toutes les fortunes qui ballottèrent, durant la Ligue, les débris du Parlement et des cours souveraines de la France.