Abbé tonsuré dès l’enfance, mais surtout voué à la cornette et aux chiffons, coquette comme une nonne de Vert-Vert et libertin comme un perroquet, tour à tour comtesse de Sancy dans la paroisse Saint-Médard, et comtesse des Barres en Berry, puis pénitent, mais toujours léger, une manière d’apôtre à Siam converti et convertisseur sans tristesse, écrivain agréable et même délicat, finalement historien de l’Église, et doyen de l’Académie française, sa carrière, qui dura quatre-vingts ans, compose une mascarade complète, et, dans chacun de ses rôles, il fut au naturel, au sérieux, avec sincérité, et à la fois avec un air d’amusement et de badinage. […] Quelques mois après, l’abbé de Choisy, pour faire sa paix, offrait et dédiait à Louis XIV une Vie de David, puis une Vie de Salomon, avec toutes sortes d’allusions flatteuses et magnifiques ; et, en général, toutes les histoires qu’il composa depuis lors, soit celle de l’Église, soit celle de divers rois de France, paraissaient invariablement avec des dédicaces à Louis XIV, conçues en des termes où toutes les formes de l’idolâtrie sont épuisées. […] Durant trente-sept ans que l’abbé de Choisy vécut encore (1687-1724), il ne cessa de composer et d’écrire sur toute espèce de sujets ; il le faisait sans prétention, avec un agrément qui ne sentait pas l’érudition ni l’étude, et qui n’excluait pourtant pas certaines recherches. […] Ils se composent d’une suite de morceaux qui ne sont pas toujours terminés. […] Enfin il parla, il écrivit familièrement une langue excellente, et de cette multitude d’ouvrages qu’il composa, il en est un du moins qui a mérité de survivre, de prendre place dans la série respectable des témoignages historiques.