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226. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Napoline déclare qu’elle ne veut pas de tous ces petits bonheurs secondaires, qu’elle pourrait grouper ensemble pour se composer un bonheur total et compenser celui qu’elle a perdu. […] Je me composais une sorte de paradis de neige assez agréable… » Un paradis de neige, ce sont de ces mots qui indiquent de l’imagination dans l’esprit, et comme il en échappe si souvent à Mme de Girardin en causant ; sa conversation en est toute semée. […] L’auteur écrit ces petits feuilletons si légers, d’un style des plus nets, et les compose avec un art parfait ; l’imagination aussi s’en mêle. […] Pour ceux qui, comme nous, ont la manie de chercher encore autre chose et mieux que ce qu’on leur offre, il reste à regretter que l’esprit, chez Mme de Girardin, si brillant qu’il soit, ait pris dès longtemps une prédominance si absolue sur toutes les autres parties dont se compose l’âme du talent, et qu’elle se soit perfectionnée comme écrivain dans un sens qui n’est pas précisément celui du sérieux et du vrai. Telle qu’elle est, il manquerait quelque chose d’essentiel à la société, à la poésie et au journalisme de ce temps-ci, et les trois ensemble n’auraient pas donné leur dernier mot, s’ils ne s’étaient entendus pour produire ce composé singulier, étrange, élégant, qui, dans sa forme habile et précise, se jouant du fond, associe à son gré avec malice, avec gaieté, naturel et même un reste de naïveté, la femme d’esprit, le cavalier à la mode, l’écrivain consommé, et l’amazone parfois encore et la muse.

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