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393. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Mais nous voyons tant d’étranges gradations d’organismes dans la nature, que nous ne devons affirmer qu’avec toute réserve qu’un organe, un instinct ou un être complet quelconque n’a pu arriver à son état présent par une suite de changements graduels. […] Mais, d’après cette doctrine de l’extermination d’un nombre infini de chaînons généalogiques entre les habitants actuels et passés du monde, extermination renouvelée à chaque période successive entre des espèces aujourd’hui éteintes et des formes encore plus anciennes, pourquoi chaque formation géologique ne présente-t-elle pas la série complète de ces formes de passage ? […] Au point de vue de la création indépendante de chaque être organisé et de chaque organe spécial, n’est-il pas incompréhensible que des Organes rudimentaires, tels que les dents fœtales du Veau, ou les ailes plissées qu’on observe sous les élytres soudées de quelques Coléoptères, portent ainsi fréquemment le caractère de la plus complète inutilité ? […] Et maintenant que nous avons acquis quelque notion de la longue série des temps, nous sommes trop prompts à croire sans preuve que les témoignages géologiques sont assez complets pour devoir nous fournir l’entière certitude de la transformation des espèces, si elles en ont en effet subi la loi. […] On dirait qu’une fois le corps parvenu à ses derniers perfectionnements, c’est-à-dire à la spécialisation la plus complète possible des organes purement vitaux, un seul organe, le cerveau, garde encore la faculté de se perfectionner en spécialisant de plus en plus.

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