Le vent, endormi dans les bois et sur la mer, parcourt en s’éveillant peu à peu toutes les gammes de ses instruments ; il siffle entre les cordages des mâts et des vergues dépouillés de toiles, des barques de pêcheurs à l’ancre dans l’anse du rivage ; il pétille dans l’écume légère qui commence à franger la crête des flots ; il gronde avec les lourdes lames qui s’amoncellent sur la pleine mer ; il tonne avec les neuvièmes vagues qui couvrent par intervalle le cap ruisselant de leur écume ; il s’interrompt pendant les repos de la mer qui semble battre par le rythme de ses cadences la mesure du concert des éléments ; l’oreille entend plus près d’elle dans la vallée les gazouillements du ruisseau grossi par la fonte des neiges du Liban. […] Le jeune compositeur, ivre de son voyage, commence avec sa sœur, de toutes les villes où il s’arrête, une correspondance moitié enfantine, moitié inspirée, où le badinage lutte avec les larmes. […] J’étais glacé, non seulement des mains et des pieds, mais de tout le corps, et la tête commençait à me faire mal. […] J’avais commencé les variations de Fischer ; j’en jouai la moitié et je me levai. […] La symphonie commence ; Raff était à côté de moi, et dès le milieu du premier allegro il y avait un passage que je savais devoir plaire.