Nous ne pouvons douter de ce progrès rapide, pour la comédie latine du moins. […] quelle douceur de langage, quelle pure élégance dans les six comédies conservées de Térence ! […] Cette comédie de si bonne heure florissante à Rome n’imitait que le second ou le troisième âge de la comédie grecque, l’âge de Philémon, de Diphile, de Ménandre : elle ne remontait pas aux fabuleux caprices, aux élans lyriques d’Aristophane, non plus qu’à son impétueuse satire ; elle élevait la voix, comme dit Horace, mais pour gronder dans le cercle étroit des passions domestiques : elle n’avait rien du dithyrambe, ni enthousiasme ni colère. […] Enfin un curieux témoignage à la gloire de ce vieux poëte de la république, c’est le brillant abréviateur de l’histoire romaine, le flatteur de l’empire, Velléius Paterculus, écrivant, à une des dates mémorables de son récit : « Dans le cours de cette même époque169, parurent les rares génies d’Afranius dans la comédie romaine, de Pacuvius et d’Accius dans la tragédie, d’Accius élevé jusqu’à l’honneur de la comte paraison avec les Grecs, et digne de se faire une si grande place parmi eux qu’il soit presque impossible de ne pas reconnaître, chez eux plus de perfection, et chez lui plus de verve. » Alors même que cet éloge expressif était arraché au bon goût de Velléius, l’éclat du siècle d’Auguste, l’urbanité nouvelle et aussi les précautions politiques de son règne avaient, selon toute apparence, bien éloigné de la mémoire et de la vue des spectateurs romains les drames de la vieille école. […] D’autre part, l’histoire nous a conservé les amères allusions dont le poëte Labérius semait les vers de la pièce où César l’avait forcé de prendre lui-même un rôle ; et on sait quelle faveur avaient les Mimes, ou petites comédies latines.