On ne refuse pas une permission de chasse à qui ne tire sa poudre qu’aux moineaux. » Mais, quelque temps après, Des Fontaines s’avisa de citer le passage d’une lettre de J. […] Ça buvait, ça mangeait, ça s’empiffrait, ça citait au dessert du Sophocle, du Démosthène, ça pleurait dans son verre : où le sentiment de l’Antique va-t-il se nicher ? […] Il me jura que non, et qu’il ne quitterait pas ses amis de dix à quinze ans pour un nouveau venu….. » Toutes les lettres qui se succèdent sont pleines de médisances contre Voltaire, de méchancetés même, et aussi, on va le voir, de saletés, — de celles, d’ailleurs, que le Malade imaginaire nous a accoutumés à entendre et qu’on peut, à la rigueur, citer. […] Piron vieux, presque aveugle, se convertit tout de bon et signala sa pénitence par des Poésies sacrées et des paraphrases des Psaumes, qu’on s’est avisé de nos jours de vouloir réhabiliter, et dont on est parvenu à citer quelques strophes passables ; c’est tout ce qu’on a pu. […] Ainsi fait et créé par la nature, et n’ayant cessé d’abonder en lui-même, on a plus de traits piquants et personnels à citer de lui, que de pensées et de maximes d’une application générale ; en voici une pourtant qui mérite d’être conservée ; Fontenelle, à qui Piron la disait un jour, l’avait retenue et en avait fait un des articles de son symbole littéraire : « La lecture a ses brouillons comme les ouvrages100 », c’est-à-dire que, pour bien comprendre un livre et s’en former une idée nette, lire ne suffit pas, il faut relire.