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1797. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

D’Alembert, très scandalisé d’un pareil choix, citait à cette occasion les vers de Boileau : Oh ! […] S’il faut adopter l’interprétation qu’en donnent ceux même qui le citent avec tant d’emphase, le vers signifie que tous les genres sont bons quand ils sont bien traités : c’est l’argument du malade imaginaire qui répond à ceux qui méprisent la casse : « Hon ! […] Dans le parallèle établi par La Harpe entre Crébillon et Voltaire, le critique insiste avec beaucoup de fiel et d’amertume sur la faiblesse et la dureté des vers de Crébillon ; mais il n’a garde de nous dire que l’Oreste n’est pas mieux écrit que l’Électre ; qu’il y a même des morceaux de vers où le style de Crébillon s’élève avec le sujet, tandis qu’on citerait à peine, dans la tragédie de Voltaire, une tirade de vingt vers où l’on ne trouve pas des impropriétés, des tournures prosaïques, des épithètes inutiles ou mal choisies : on croit lire des vers de Lagrange-Chancel, de Lamotte ou de Piron. […] Dans cette lettre, on le gronde très sérieusement d’avoir flatté, outre mesure, Maffei et sa Mérope ; on fait une satire amère de la pièce italienne ; on en cite avec malice les endroits les plus choquants pour nos mœurs ; on verse le ridicule à pleines mains sur des naïvetés que la langue et les mœurs du pays rendent très excusables ; et l’on conclut de tout cela que le poète français n’a pas pu tirer un grand parti de cet amas d’absurdités, qu’il ne doit presque rien à Maffei, et qu’il lui a fait en le pillant beaucoup d’honneur. […] Je reviendrai sur cette tragédie ; mais comme on lui attribue surtout un grand mérite de style, je vais citer ici quelques vers qui mettront le public en état de juger si ce mérite est bien réel : Par les saccagements, le sang et le ravage, Du meilleur de nos rois disputer l’héritage.

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