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1039. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

On ne cite pas un bon ouvrage en vers qui ait été fait de parti pris contre les règles de l’Art poétique. En peut-on citer un, même chez les nations étrangères, pour peu que tous les esprits cultivés soient d’accord de sa beauté, dont les doctrines de Boileau eussent empêché les belles parties, ou n’aient pas par avance signalé les défauts ? […] On cite à ce propos une anecdote piquante, dont on n’a peut-être pas tiré toute la morale. […] Il citait volontiers ce dernier vers comme sa devise, indiquant ainsi à la postérité le secret de sa gloire, qui est de s’être cherché le premier parmi tous les poètes de son temps, et de s’être connu. […] Ainsi ce vers de Boileau : Dans mes vers recousus mettre en pièces Malherbe173 faisait dire à La Fontaine : « Je donnerais le plus beau de mes vers pour avoir fait celui-là. » Il eût donné sa meilleure fable pour ces deux-ci, qu’il citait avec admiration : Et nos voisins, frustrés de ces tributs serviles Que payait à leur art le luxe de nos villes174 ; beaux vers assurément, mais de cette beauté qui sent plus l’adresse que l’inspiration ; un versificateur de talent y peut arriver.

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