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8. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Dans tous les cas pathologiques qui furent tout d’abord énoncés, ce pouvoir moteur s’exerçait avec une force insuffisante ou dans une direction que contredisaient, soit les circonstances du milieu, soit le mouvement même dont était animée déjà la réalité à laquelle il tentait de s’appliquer. […] Cet être se conçoit-il avec obstination semblable à lui-même, il va périr, car parmi les circonstances du milieu qui changent et exigent une adaptation incessante, voici pour lui toute évolution arrêtée, toute croissance entravée. […] Le pouvoir de se concevoir autre, avec les conséquences défavorables qu’il entraîne, comporte, selon les êtres différents et au gré des circonstances différentes, une ampleur variable. […] Mais cette virtualité se montre aussi, en quelque mesure, déterminée par l’intervention des circonstances extérieures : or, c’est là une action qu’il est possible d’observer et dont on peut jusqu’à un certain point fixer l’importance. […] Les peuplades sauvages offrent un exemple du premier type : fixées dès les premiers temps de leur vie commune aux plus bas degrés de l’échelle sociale par des circonstances longtemps immuables qui n’exigeaient point d’elles un changement, elles se montrent de nos jours incapables de se modifier.

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