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540. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Messieurs, si l’on pouvait faire abstraction des remarquables discours en sens divers qui ont rempli les dernières séances, et si l’on s’en tenait uniquement à l’impression produite par le sage et prudent rapport qui a précédé, on voterait la loi présente sans trop d’observations, comme un progrès relatif, très-modéré, et l’on oublierait trop aisément les circonstances dans lesquelles cette loi a surgi, les incidents qui en ont accompagné la présentation, la discussion première, ce qu’elle promettait, ce qu’elle est devenue. […] Il ne fallait pas qu’on pût dire comme à d’autres époques historiques vouées à l’indécision et à la faiblesse, et qui certes n’ont nul rapport avec les circonstances actuelles ni avec le Gouvernement présent, il ne fallait pas qu’on pût appliquer un mot du sage Malouet, du temps de M.  […] Je ne suis point de ceux-là ; et, tout en reconnaissant qu’il est bon de ralentir la marche quand il le faut, de la suspendre même, quand les circonstances le commandent, je pense aussi qu’il ne faut jamais changer de but ni se diriger autre part que là où est le vrai progrès de la société moderne, là où est l’avenir plus ou moins prochain, l’avenir inévitable auquel il ne faut jamais dire : Jamais.

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