Les circonstances de la rencontre du bal, telles qu’elles sont consacrées dans Werther, ne diffèrent du vrai que par de légères variantes. […] Voilà le vrai du livre et son cachet immortel ; le reste, désespoir final, coup de pistolet et suicide, y a été ajouté par lui après coup pour le roman et pour la circonstance : c’est ce qui ressemble le moins à Goethe, et qui se rapporte à l’aventure de ce pauvre Jérusalem, le côté faux, commun, exalté, digne d’un amoureux d’Ossian, non plus d’un lecteur d’Homère3. […] Or, jugez de l’impression pénible qu’il dut faire à une première lecture sur les deux jeunes époux, qui y voyaient toute leur liaison de ces quatre divins mois dans la vallée de la Lahn divulguée en même temps et comme profanée par un mélange avec d’autres événements et des circonstances étrangères, moins délicates et moins pures. […] Mais il nous causera encore de grandes joies, quand son âme ardente se sera un peu calmée. » Ces joies ne furent que lointaines et telles que les peut procurer un ami, homme de génie, à ceux qui, séparés par les situations et les circonstances, se sentent avec lui un nœud étroit dans le passé.