L’ami et le correspondant auprès de qui il s’épanchait pendant sa crise morale de 1810, le baron Monnier, lui avait représenté fort sensément le vrai de sa situation, en la dégageant autant que possible des irritations toutes personnelles qui venaient s’y joindre : « … N’accusez cependant personne, lui avait-il dit, des désagréments que vous avez éprouvés : ils étaient inhérents aux circonstances de votre carrière, et il faut bien moins vous en prendre aux hommes qu’à la nature des choses. […] Il faut un concours inouï de circonstances pour amener un officier général à rendre un service pareil ; et Dieu sait qu’en dix campagnes je n’en aurai pas d’occasion… » Vingt jours s’écoulèrent encore avant qu’il eût fait la démarche irrévocable. […] Alexandre fit un mouvement : « Général, je vous remercie de votre zèle, mais c’est à moi seul d’en juger. » Cette circonstance ne laissa pas de jeter du froid sur la suite des relations de Jomini et de l’empereur Alexandre. […] Il profita de la circonstance pour donner à sa patrie d’excellents et de généreux conseils militaires, qu’elle a en partie suivis.