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205. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

La comtesse de Scandiano était célèbre surtout par la beauté de ses lèvres autrichiennes ; cette circonstance est nécessaire à l’intelligence de ces vers : « Cette lèvre, colorée par les roses, s’avance légèrement humide et enflée comme par un artifice de l’amour lui-même, pour faire une insidieuse tentation au baiser. […] Le récit des circonstances de cet assassinat, qu’on trouve dans les lettres de la main du Tasse lui-même conservées à la bibliothèque Pitti, et que j’y ai lues, dément les circonstances romanesques ajoutées par ses premiers biographes à cette aventure. […] L’événement d’ailleurs est bien déplorable, soit que l’on considère son génie ou sa bonté. » Que peuvent répondre les accusateurs gratuits de la maison d’Este, dans cette circonstance, à une preuve aussi authentique de leur innocence, écrite sur place aux ennemis de cette maison par l’ambassadeur de ces ennemis ? […] Le Tasse reconnaît lui-même plus tard, dans deux passages de ses œuvres, écrits hors des États de Ferrare (huitième et dixième volume de ses lettres), que le duc de Ferrare, dans cette circonstance, lui montra l’affection « non d’un maître, mais d’un frère et d’un père ». […] Plût à Dieu, repris-je, que la fortune, qui m’envoie aujourd’hui un si noble guide, me fût aussi favorable dans toutes les autres circonstances !

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