Accusé de je ne sais plus quelles extravagances, arrêté à Dresde, jeté en prison à Berlin, tenu au secret le plus rigoureux pendant plus de six mois, ma conduite en cette circonstance, les premières rudesses, puis la loyauté du gouvernement prussien qui s’était plu à reconnaître qu’on l’avait trompé, ses offres généreuses, celles du roi des Pays-Bas, mon refus de me séparer de mon pays dans la douloureuse épreuve qu’il traversait, tout cela m’avait composé une renommée bien au-dessus de mon mérite ; en sorte qu’après les élections de 1827, qui renversèrent le ministère de M. de Villèle et portèrent M. […] Dans la conscience, il y a mille et mille phénomènes sans doute comme dans le monde extérieur ; mais tout de même que le monde extérieur peut se résumer dans deux grandes lois et dans leur rapport, de même tous les faits de conscience peuvent se résumer et se résument en un fait constant, permanent, universel, qui subsiste dans toutes les circonstances possibles, qui a lieu dans la conscience du pâtre comme dans celle de Leibnitz, qui est dans toute conscience à cette seule condition qu’il y ait un acte de conscience. […] À toutes les minutes, dans toutes les circonstances les plus vulgaires de notre existence, nous croyons que nous sommes, nous croyons qu’il y a un monde extérieur qui existe aussi, et qui est comme nous limité et fini ; et nous rapportons et ce monde et nous-mêmes à quelque chose de meilleur au-delà de quoi il nous est impossible de rien concevoir en fait d’existence et de puissance. […] répondait-il, je ne me remplacerais pas moi-même ; je suis l’enfant des circonstances. » Le même homme sentait bien que la puissance qui l’animait ne lui appartenait point, et qu’elle lui avait été prêtée pour un temps marqué. […] En effet, dans Condillac, la sensation devient successivement, au moyen de certaines circonstances, attention, comparaison, raisonnement ; elle devient l’intelligence et même la volonté ; elle devient la conscience, l’âme tout entière.