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533. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Dans l’air vaguement flottait la sonorité des cors de chasse éteints du mardi gras… Il se levait par le froid un jour magnifique d’hiver, et dans le bout des rues encore toutes bleues de vapeur, dans ce ciel pâle et déjà brillant, dans ces pans de mur éclairés, dans ces fenêtres où le réveil éclatait, dans ce lever de lumière, dans ce ciel blanc tout balayé, comme une limpide aquarelle, de rose et de bleu, il me semblait voir se fondre ma vision de la nuit : ces femmes, ces robes, ces bas… les rubans du carnaval. […] Il est beau, grandement beau, énormément beau, avec du bleu du ciel dans les yeux, avec le charme du chantonnement de l’accent russe, de cette cantilène où il y a un rien de l’enfant et du nègre. […] Puis c’est un ciel sans couleur, des maisons rosées, des lueurs d’éclairage toutes jaunes, avec des parties d’ombre de ce bleu neutre, qui transperce une veilleuse de blanche porcelaine allumée. […] Taine. — C’est, je crois, maintenant, que vous appelez poésie : peindre un clocher, un ciel, faire voir des choses enfin. […] Le ciel est bleu pâle, d’un bleu presque vert comme si une turquoise y était fondue !

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