Que le ciel nous envoie bientôt un homme à talent pour faire une telle tragédie ; qu’il nous donne la mort de Henri IV, ou bien Louis XIII au Pas-de-Suze. […] C’est ainsi qu’un jeune homme à qui le ciel a donné quelque délicatesse d’âme, si le hasard le fait sous-lieutenant et le jette à sa garnison, dans la société de certaines femmes, croit de bonne foi, en voyant les succès de ses camarades et le genre de leurs plaisirs, être insensible à l’amour. […] Il citait, comme exemple de la belle manière de faire parler les héros de la tragédie, un discours de lord Falstaff, chef de la Justice, qui, dans la tragédie de Henri IV, présentant au roi un prisonnier qu’il vient de faire, lui dit avec autant d’esprit que de dignité : — Sire, le voilà ; je vous le livre ; je supplie Votre Grâce de faire enregistrer ce fait d’armes parmi les autres de cette journée, ou… je le ferai mettre dans une ballade avec mon portrait à la tête… Voilà ce que je ferai, si vous ne rendez ma gloire aussi brillante qu’une pièce de deux sous dorée ; et alors vous verrez dans le clair ciel de la renommée ternir votre gloire comme la pleine lune efface les charbons éteints de l’élément de l’air, qui ne paraissent autour d’elle que comme des têtes d’épingles. […] Buchon, la narration du siège de Calais par Édouard III, et le dévouement d’Eustache de Saint-Pierre ; lisez immédiatement après le Siège de Calais, tragédie de du Belloy : et si le ciel vous a donné quelque délicatesse d’âme, vous désirerez passionnément comme moi la tragédie nationale en prose.