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311. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Mme de Créqui était sincèrement religieuse et chrétienne, et Senac de Meilhan était franchement philosophe et même épicurien. […] Jeune veuve, elle prit un parti courageux : pour assurer l’avenir de son fils et remettre en ordre la fortune que la mort du marquis laissait assez embrouillée, elle se retira à la communauté de la Doctrine ou de l’Instruction chrétienne, rue du Pot-de-Fer, et y demeura tout le temps qu’il fallut pour ses desseins d’économie. […] Mais, quoique je sois trop bon chrétien pour être jamais catholique, je ne m’en crois pas moins de la même religion que vous ; car la bonne religion consiste beaucoup moins dans ce qu’on croit que dans ce qu’on fait : ainsi, madame, restons comme nous sommes ; et quoi que vous en puissiez dire, nous nous reverrons bien plus sûrement dans l’autre monde que dans celui-ci. […] Elle dit quelque part, à propos des scènes du monde et des spectacles plus ou moins agités auxquels elle assistait : « Il y a trois personnages qui raisonnent bien différemment : l’homme du monde, le philosophe et le chrétien : le premier croit que ceci dure ; le second, que c’est quelque chose, mais qui passe ; et le chrétien le voit comme quelque chose déjà passé.

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