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14. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

J’aurais voulu, par exemple, un La Mennais devenu catholique et libéral, comme au lendemain de l’Avenir, mais ayant la force de demeurer tel sous le coup même des encycliques et malgré l’appel et l’attrait de la démocratie : je l’aurais désiré s’enfermant pendant quelque temps dans un religieux silence, et n’en sortant depuis qu’à de rares intervalles par des écrits de réflexion et d’éloquence où il aurait tout concilié, tout maintenu du moins, où il n’aurait rien sacrifié, où il serait resté opiniâtrément le prêtre de la tradition antique et des espérances nouvelles : en s’attachant à un tel rôle bien difficile sans doute, mais si fait pour imposer à tous le respect et l’estime, il aurait fini, sans la chercher, par retrouver son heure d’action et d’influence, et il n’aurait pas eu à l’acheter au prix de la considération. […] Cela donnera idée, mieux que tout, de la contradiction et de la confusion de pensées qui se combattirent longtemps en moi à son sujet, et pour lesquelles je ne veux chercher d’autre conclusion que leur exposé même : « (Février 1848.) […] Évidemment son grand talent cherchait une situation à sa hauteur et où il pût se déployer. […] Le fleuve cherche son niveau, l’oiseau cherche sa région. » « — Quelle carrière pour Lamartine depuis le jour où il chantait dans l’Isolement : Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne, Au coucher du soleil tristement je m’assieds ! […] Ô le plus grand des ambitieux, comme je n’ai jamais cherché en toi que le poëte !

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