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437. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Ce serait vraiment une trop sotte pruderie que celle qui m’empêcherait d’oser parler à ma guise d’un charmant poëte qui a eu, en son temps, de très-vives légèretés et de graves torts, mais qui a occupé une grande place dans la littérature de son siècle et du commencement du nôtre, dont les élégies ont été réputées classiques en naissant, que les plumes les plus sérieuses ont longtemps salué le premier des modernes en ce genre, et dont la mort a été pleurée par nos plus chers lyriques comme celle d’un Anacréon. […] On appelle ainsi la gorge étroite et pittoresque formée par la montagne qui domine l’habitation : c’est un des sites les plus charmants de l’île. […] Quoi qu’il en soit, et quoique lui-même il ait trop négligé de nous faire admirer en ses vers cette charmante solitude, dont il a parlé en un endroit assez légèrement164, c’est là, c’est à l’entrée que la nature plaça son nid mélodieux, et jeune, de retour dans l’île à l’âge de vingt ans, surtout vers la fin de son séjour, aux heures inquiètes où l’infidélité d’Éléonore le désolait, il dut quelquefois promener vers ces sentiers écartés ses rêves, ses attentes ou ses désespoirs de poëte et d’amant165. […] Lamartine, c’est-à-dire le grand élégiaque qui a détrôné Parny, sait encore par cœur cette élégie désespérée : J’ai cherché dans l’absence un remède à mes maux ; J’ai fui les lieux charmants qu’embellit l’infidèle. […] Nous touchons ici à son grand crime, à son tort vraiment déplorable, irréparable, et qui souille une renommée jusque-là charmante.

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