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1071. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Elle trouvait charmante cette peinture tout au plus ingénieuse d’un « petit rossignol qui s’égosille pour surmonter un homme qui joue du luth, se perche sur sa tête et meurt enfin. » — On l’enterre, dit Marini, dans « le ventre creux du bois sonore83. » Tous les lettrés, toute la cour, les grands, tout ce qui lisait en France, était sous le charme. […] On sait par cœur les vers charmants où il se moque de toutes ces galanteries de tête, le lieu commun universel de la poésie d’alors : Faudra-t-il, de sang-froid et sans être amoureux, Pour quelque Iris en l’air faire le langoureux, Lui prodiguer les noms de Soleil et d’Aurore, Et, toujours bien mangeant, mourir par métaphore ? […] Nul, avant lui ni mieux que lui, n’en reconnut l’accent dans Andromaque et dans Phèdre, et les charmantes douceurs des vers de Racine n’eurent pas d’admirateur plus ému que le critique de Pradon La même disposition le tourna contre cette licence grossière qui salissait tous les recueils de poésie du temps. […] Huit jours après la séance académique où Perrault avait immolé, dans une ode, les anciens aux modernes, paraissait cette charmante épître à Huet, où, faisant allusion à ces ridicules attaques, l’amateur de toutes choses, Polyphile, disait : Je vois avec douleur ces routes méprisées : Art et guides, tout est dans les champs Élysées. […] Or, n’est-ce point pour n’avoir pas gardé, dans le Lutrin, cette juste proportion entre la matière et l’art, que ce poème, si riche en détails charmants, est pourtant un ouvrage froid ?

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