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8. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 8, des instrumens à vent et à corde dont on se servoit dans les accompagnemens » pp. 127-135

Non seulement on changeoit de flutes lorsque les choeurs venoient à chanter, mais on en changeoit encore dans les recits. […] En disant d’un acteur qu’il chante, on croit le blâmer. Je réponds que cette expression renferme veritablement un reproche dans notre usage, mais c’est uniquement à cause du sens limité dans lequel nous avons coutume d’emploïer le mot de chanter, lorsque nous nous en servons en parlant de la déclamation théatrale. Il est établi qu’on ne dise d’un acteur qu’il chante, que lorsqu’il chante mal à propos, lorsqu’il se jette sans discernement dans des exclamations peu convenables à ce qu’il dit, et lorsque par des tons empoulez et remplis d’une emphase que le sens des vers désavouë, il met hors de propos dans sa déclamation un patetique toujours ridicule, dès qu’il est faux. On ne dit pas d’un acteur qu’il chante lorsqu’il ne place qu’à propos les soupirs, les accents les plus aigus et les plus graves, comme les tons les plus variez.

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