VII Sapho, dans sa strophe de feu, n’a rien de plus incendiaire que ces deux amants seuls avec ce livre complice qui interprète leur silence, que ce baiser involontaire qui les égare, et enfin que ce supplice changé en félicité amère par le souvenir de leur séparation sur la terre et par le sentiment de leur indivisibilité dans le châtiment. […] « L’aspect de mon visage le soutint quelque temps », dit-elle aux âmes attentives, « et, en laissant briller sur lui mes jeunes yeux, je le guidai dans le droit chemin. — Mais si tôt que je fus au seuil de mon second âge et que j’eus changé de vie en ces lieux, — celui-ci », ajoute-t-elle avec un geste de reproche, « se détacha de moi pour se donner à d’autres. » — (Allusion poignante aux nombreux amours profanes que Boccace et les autres historiens reprochent au Dante après la mort de Béatrice.) […] « Change de pensée », lui dit-elle, « et songe que je m’approche de celui qui soulage de toute iniquité et de toute injure. […] » Le mysticisme se change ensuite en véritable délire.