Il fallait seulement masquer ce projet jusqu’au dernier moment, donner le change à Eugène, lui faire croire que c’était à lui et à ses lignes de circonvallation qu’on en voulait : c’est à quoi l’on réussit moyennant un grand secret gardé même avec plusieurs des généraux chargés de l’exécution. […] Le mot que Villars avait redit si souvent à sa cour durant ces dernières campagnes se trouva justifié : « Il ne faut qu’un moment pour changer la face des affaires peut-être du noir au blanc. » Villars, libre enfin de se livrer à l’activité qui était dans sa nature, assiégea et reprit en moins de quatre mois, sous les yeux d’Eugène réduit à l’inaction, Douai, Le Quesnoy, Bouchain, les places que l’ennemi avait conquises sur nous en trois campagnes. […] Les rôles étaient changés : le prince Eugène, sans recrues, sans argent, était le spectateur forcé des pertes de l’empire.