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464. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

On sait que cette belle langue, si florissante au xiie  siècle et qui balançait pour le moins celle du Nord, avait été vaincue, compromise dans le désastre même qui suivit la croisade contre les Albigeois, et que, privée désormais de ses principaux centres et foyers où elle était cultivée avec pureté et avec élégance, elle était bientôt retombée à l’état de patois ; c’est en parlant d’elle qu’il m’est arrivé de dire que le patois est « une langue qui a eu des malheurs. » Mais ce patois de la langue provençale ainsi réduite était encore le plus riche de tous, le plus pittoresque et le plus sonore ; il n’avait cessé, même dans sa décadence, de permettre à de vrais poëtes de se produire : Goudouli est le plus célèbre ; mais combien d’autres dignes de plus de renom et d’un auditoire plus étendu ! […] Mais il n’avait cessé d’être en vogue et de régner dans son pays et dans sa zone. […] Depuis lors je n’avais cessé d’être avec lui en de bons et excellents rapports, plus fréquents pendant notre jeunesse, mais que le temps, en les rendant plus rares, n’avait ni rompus ni même relâchés.

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