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366. (1842) Discours sur l’esprit positif

À peine y a-t-il trois siècles que, chez l’élite de l’Humanité, les espérances astrologiques et alchimiques, dernier vestige scientifique de cet esprit primordial, ont réellement cessé de servir à l’accumulation journalière des observations correspondantes, comme Kepler et Berthollet l’ont respectivement indiqué. […] Sans un tel obstacle, en effet, qui ne peut cesser que par l’entière désuétude de l’esprit théologique, le spectacle journalier de l’ordre réel aurait déjà déterminé une adhésion universelle au principe fondamental de la philosophie positive. […] On cesse alors de s’étonner que la constitution des êtres naturels se trouve, en chaque cas, disposée de manière à permettre l’accomplissement de leurs phénomènes effectifs. […] Personne, sans doute, n’a jamais démontré logiquement la non existence d’Apollon, de Minerve, etc., ni celle des fées orientales ou des diverses créations poétiques ; ce qui n’a nullement empêché l’esprit humain d’abandonner irrévocablement les dogmes antiques, quand ils ont enfin cessé de convenir à l’ensemble de sa situation. […] Pour la nouvelle philosophie, l’ordre constitue sans cesse la condition fondamentale du progrès ; et, réciproquement, le progrès devient le but nécessaire de l’ordre : comme, dans la mécanique animale, l’équilibre et la progression sont mutuellement indispensables, à titre de fondement ou de destination.

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