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324. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

L’humanité ne croit plus à Vénus ni à Minerve ; mais elle admire toujours la Vénus de Milo et les frises du Parthénon ; elle pourrait cesser de croire au christianisme sans moins admirer pour cela La Dispute du Saint-Sacrement de Raphaël, ou La Création de l’homme de Michel-Ange. […] Le « document humain » est le terme auquel il revient sans cesse pour définir son esthétique. […] Il s’est trouvé à tous les âges de l’humanité, il ne cessera pas d’y avoir des bons et des médians, des simples et des raffinés, des êtres nobles et des êtres pervers, des gens d’esprit et des sots, des natures froides et calculatrices et des tempéraments passionnés. […] N’importe : à peine la mère a-t-elle vu le maître d’étude de son fils qu’elle est conquise, séduite, fascinée : elle le compare avec le médiocre mari que la fortune lui a donné ; elle n’a de cesse qu’elle n’ait retiré son fils du lycée pour appeler chez elle le maître d’étude comme précepteur. […] Le cercle d’observation naturaliste s’arrête volontiers à l’enceinte des fortifications ; ses romanciers n’ont guère regardé, et le plus souvent ne paraissent même pas soupçonner, les millions d’êtres qui au-delà labourent, sèment et récoltent, et qui sont en réalité le vrai peuple français, le fond solide où sans cesse la race se renouvelle.

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