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521. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

On continuait d’être si piqué, que des vers gracieux et flatteurs, que l’auteur mit en tête par manière d’excuse (car Mme de Charrière tournait agréablement les vers), furent mal pris et regardés comme une ironie de plus. « Est-il donc si clair, disait à ce propos un homme d’esprit du lieu, qu’on ne puisse rien nous dire d’obligeant que dans le but de se moquer de nous ?  […] Elles ont un autre but que de me plaire. […] Je me perds dans ce vaste Tout si étonnant, je ne dirai pas si sage, je suis trop ignorante ; j’ignore les fins, je ne connais ni les moyens, ni le but, je ne sais pas pourquoi tant de moucherons sont donnés à manger à cette vorace araignée ; mais je regarde, et des heures se passent sans que j’aie pensé à moi, ni à mes puérils chagrins. » Depuis que le panthéisme est devenu chez nous un lieu commun, une thèse romanesque et littéraire, je doute qu’il ait produit quelque chose de plus senti que ces simples mots d’aperçu comme échappés à la rêverie d’une jeune femme227. […] — Oui, dit la baronne, on regarderait encore marcher quiconque marcherait avec passablement de grâce et de rapidité vers un but intéressant. — J’essaierai, dit l’abbé. […] Faites, faites en vue d’autrui, et indépendamment de cet arrangement décent envers vous-même, de cette satisfaction morale, de cette propreté sans tache qu’il est beau de garder, mais qui n’est pas l’unique but ; tendez, tendez votre main à celui qui tombe, même quand vous la sentiriez moins blanche à offrir.

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