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1655. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Elle est la base, elle est la preuve, elle est le moyen ; elle n’est pas le but. […] C’est le Cardinal qui fait tout : c’est lui qui « a ennobli le but de l’art », et c’est lui qui « en facilite les connaissances aux poètes ». Et l’auteur reprend, comme un prédicateur, chacun de ces deux points : Son Éminence a ennobli le but de l’art, puisque « au lieu de plaire au peuple », comme le prescrivaient les maîtres anciens, et comme ils s’en contentaient, — ici n’apercevez-vous pas un sourire involontaire sur ces lèvres normandes ? — elle leur a donné pour but de lui plaire et de la divertir ; « et qu’ainsi nous ne rendons pas un petit service à l’État, puisque, contribuant à Vos divertissements, nous contribuons à l’entretien d’une santé qui lui est si précieuse et si nécessaire. — Vous nous en avez facilité les connaissances, puisque nous n’avons plus besoin d’autre étude pour les acquérir que d’attacher nos yeux sur Votre Éminence quand elle honore de sa présence et de son attention le récit (la récitation) de nos poèmes. […] Le dialogue me fit voir comment causaient les honnêtes gens ; la grâce et l’esprit de Dorante m’apprirent qu’il fallait toujours choisir un héros de bon ton ; le sang-froid avec lequel il débite ses faussetés me montra comment il fallait établir un caractère ; la scène où il oublie lui-même le nom supposé qu’il a imaginé m’éclaira sur la bonne plaisanterie ; et celle où il est obligé de se battre par suite de ses mensonges, me prouva que toutes les comédies ont besoin d’un but moral.

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