À partir de ce jour, Mme de Maurescamp n’est plus la jeune femme abandonnée et pure que nous avons vue ; elle demande au monde toutes ses distractions et au milieu de ses aventures poursuit un but terrible ; elle veut faire tuer son mari, comme celui-ci a tué Jacques de Lerne ; elle cherche et elle trouve pour lui l’adversaire qu’elle a rêvé. […] Le lecteur ne s’étonnera donc pas si j’ai grand souci de son approbation, si je fais précéder chacune de mes œuvres dramatiques, au moment où je les lui livre en dernier ressort, d’une préface où je lui expose tout ce que l’œuvre elle-même, ne peut contenir, où je discute avec lui, où je le prépare, où je le contredis dans le but de le conquérir et de le conserver. […] Comme cet homme, nous ne devons pas perdre de vue une seconde ce but : la reconstitution de la patrie commune et, ce qui est d’un ordre plus élevé encore, la recherche, la connaissance, la proclamation, l’application de la vérité, chacun selon nos forces et notre énergie personnelle ! […] Claude, c’est l’homme qui a souffert dans son âme et dans l’âme des autres, qui a compris, qui a réfléchi, qui s’est élevé, qui a maintenant une volonté bien ferme, un but bien net, et qui marche droit à ce but, en laissant de côté tout ce qui est inutile, en s’associant à tout ce qui est valable, eu exterminant tout ce qui est hostile. […] Je l’observai pendant tout le dîner ; il s’observa encore davantage ; c’est à peine s’il but un verre de vin de Bourgogne et s’il trempa ses lèvres dans la mousse de son vin de Champagne.