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254. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Mais, par bonheur, un génie ami a depuis longtemps pris ce soin, et l’a excité, dans toute la force de la jeunesse, à fixer un passé tout récent, à le retracer et à le livrer hardiment au public dans le moment opportun : chacun devine qu’il s’agit ici de Werther. […] Nous avions passé ensemble une belle soirée, comme des hommes auxquels le bonheur vient de faire un grand cadeau, et je m’endormis en remerciant les saints dans le ciel pour la joie d’enfants qu’ils ont voulu nous accorder pour la nuit de Noël… Telle était sa disposition trois mois après avoir quitté Charlotte, sept semaines après la mort du jeune Jérusalem, et quand il avait déjà en idée le germe de Werther. […] il n’y a plus rien d’aussi beau, j’en applaudis de bonheur ! […] Kestner recevait donc des lettres de condoléance, et à demi curieuses, par lesquelles on le plaignait de son accident, d’avoir eu un ami si entreprenant, si malheureux, et qui avait dû troubler étrangement sa lune de miel et son bonheur. […] Reconnaissez bien votre bonheur, et sachez que des positions plus brillantes ne sont guère à envier. » De telles paroles sont faites pour se joindre désormais à la lecture de Werther et pour en corriger la moralité finale par un témoignage qu’on ne saurait récuser.

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