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1761. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Il les manie pour les présenter à un client, d’un geste presque amoureux, tant la sensation de la texture émeut la fibre la plus secrète de ce marchand-né. « C’était », conclut la portraitiste « un rouage intime de la puissante machine lyonnaise. » Et l’Angevine ne peut se retenir d’évoquer ses compatriotes de là-bas, bien loin dans sa claire et lointaine province : « Il regardait ses piles de soieries noires avec le même bonheur qu’un cultivateur qui voit des campagnes grasses. » Ne la croyez pas injuste cependant. […] Cette scène de bonheur rural, cette fête de la vie évoquée dans un cimetière, à quelques pas du Triomphe de la mort, n’est-ce pas encore comme un résumé de la destinée de Pise, et les habitants de cette étrange cité ne l’ont-ils pas compris, s’il est vrai qu’en 1748 et comme le grand peintre achevait son œuvre, ils lui donnèrent en signe d’admiration reconnaissante, le sarcophage où il repose maintenant dans l’enceinte ennoblie par ses visions de beauté ? […] Ce sommeil m’est doux et plus d’être de pierre… Tant que durent ces jours de honte et de misère Quel bonheur d’être aveugle et de n’entendre pas ! […] La phrase du poète antique : « L’orgueil, fils du bonheur, fatal à son père », aurait pu servir d’épigraphe à ces Mémoires de Bülow.

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