Mais telle est la condition de la poésie, telle est sa dépendance du tour d’imagination propre à chaque époque, que les beautés pour ainsi dire dogmatiques de Malherbe, et tant de morceaux de génie de Corneille, n’en avaient pu donner une idée définitive, ni en assurer la tradition. […] Les sublimes beautés du grand Corneille n’avaient pu le garder lui-même de ses fautes, parce que ses fautes lui venaient de la mode ; comment en auraient-elles gardé le goût du public ? […] En peut-on citer un, même chez les nations étrangères, pour peu que tous les esprits cultivés soient d’accord de sa beauté, dont les doctrines de Boileau eussent empêché les belles parties, ou n’aient pas par avance signalé les défauts ? […] Molière et Racine révélaient les secrètes beautés du poème dramatique. […] Tout poème est brillant de sa propre beauté.