mais sans la robe flottante, sans le cap Sunium, sans Socrate derrière et au-dessus de lui dans la nuée d’or, comme un dieu dans une apothéose, sa coupe de ciguë à la main ; Platon, enfin, sans tout cet éloignement dans l’azur éblouissant de l’Histoire grecque, qui grandit tout, qui colore tout et nous fait belles jusqu’à ses erreurs ! […] Ses plus belles images, à cet artiste d’essence, ce sont celles où il y en a le plus ! […] Il y a dans cette notion d’ange quelque chose de beau, de jeune, de guerrier, de dominateur et de rapide qui n’allait point à l’idée de cet être né sénile et resté enfant, de cette âme qui se débattait dans un homme et qui avait la voix d’androgyne de la Sagesse, car la voix de la Sagesse n’a point de sexe, comme dit Joubert lui-même en parlant de Fénelon… Intellectuellement, Fénelon serait peut-être la figure à laquelle Joubert, après Platon, ressemblerait le plus. Seulement Fénelon, le beau Fénelon, dont on a dit qu’il fallait faire effort pour cesser de le regarder, est un grand ondoyant aux mouvements de cygne et même de serpent… innocent, — s’il en est, et si, à la première tortuosité, à la première ramperie, on n’est pas serpent tout à fait, — tandis que Joubert a la simplicité d’Astrée. […] Les pensées achevées n’ont pas besoin d’être belles pour plaire.