Marseille, qui se croyait encore royaliste, y est démontrée la cité la plus démocratique du Midi ; et, lui promettant dans un très-prochain avenir l’union de la richesse et des lumières, l’auteur finit le tableau d’un trait : « Il tient à son sol, à son sang, de tout faire vite, le bien comme le mal. » Mais je n’aurais pas tout dit de cet écrit presque oublié, et je croirais manquer à ce que la critique doit aux premiers essais de l’auteur qu’il étudie, si je n’indiquais, ou plutôt si je n’extrayais tout un tableau qu’on ne songerait pas à y chercher, et qui me semble la perfection même. […] On pesait leurs mérites divers ; mais aucun œil encore, si perçant qu’il pût être, ne voyait dans cette génération de héros les malheureux et les coupables ; aucun œil ne voyait celui qui allait expirer à la fleur de l’âge, atteint d’un mal inconnu, celui qui mourrait sous le poignard musulman ou sous le feu ennemi, celui qui opprimerait la liberté, celui qui trahirait sa patrie ; tous paraissaient grands, purs, heureux, pleins d’avenir ! […] je crois que tous ceux qui participèrent alors à l’œuvre d’opposition et bientôt de délivrance, qui y mirent plus ou moins du leur, soit de leurs actes, soit de leurs vœux, ont encore droit de se dire : « Non, nous n’avons pas erré, » et qu’ils ont aussi le devoir d’ajouter : « Si nous avions à recommencer, même en sachant avenir, ce serait encore à refaire. » Ceci dit une fois et pour nous mettre la conscience tout à fait à l’aise, l’étude de l’attaque, au point de vue tout à fait stratégique, nous devient singulièrement curieuse : rien de plus instructif, de plus dramatique aujourd’hui que cette lecture du National. […] Changer les personnes sans les choses. » Ce que nous résumons en ces termes se lit avec très-peu d’adoucissement en dix ou vingt endroits du National : « Nous ne savons pas l’avenir, disait M.