La Comédie française, qui ne se doutait pas alors de son glorieux avenir, était fondée. […] Transformer tout en or, faire vivre éternellement, guérir par des paroles, se faire aimer de qui l’on veut, savoir tous les secrets de l’avenir, faire descendre, comme on veut, du ciel sur des métaux des impressions de bonheur, commander aux démons, se faire des armées invisibles et des soldats invulnérables : tout cela est charmant, sans doute ; et il y a des gens qui n’ont aucune peine à en comprendre la possibilité, cela leur est le plus aisé du monde à concevoir. […] Cela est commode aux vieillards à qui il faut une passion parce qu’ils sont hommes. — -Il y a des gens qui sont mal logés, mal couchés, mal habillés, qui essuient les rigueurs des saisons, qui se privent eux-mêmes de la société des hommes et passent leurs jours dans la solitude ; qui souffrent du présent, du passé et de l’avenir, dont la vie est comme une pénitence continuelle et qui ont ainsi trouvé le secret d’aller à leur perte par le chemin le plus pénible : ce sont les avares. — Il y a des âmes sales, pétries de boue et d’ordure, éprises du gain et de l’intérêt, comme les belles âmes le sont de la gloire et de la vertu, capables d’une seule volupté qui est celle d’acquérir ou de ne point perdre, curieuses et avides du denier dix, uniquement occupées de leurs débiteurs, toujours inquiètes sur le rabais ou sur le décri des monnaies, enfoncés et comme abîmés dans les contrats, les titres et les parchemins.