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736. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Cette histoire-là est au moins à mettre sur la même ligne que celle de l’Oratoire ou de Boulogne-sur-Mer, qu’il regrettait de n’avoir pas retracées. […] Il me semble au moins que le scepticisme que certaines discussions historiques provoquent ou entretiennent n’est ni la moins douce ni la moins saine habitude que l’esprit humain puisse contracter. » Bien des nobles cœurs qui veulent de la foi à tout prix se pourront scandaliser de cette conclusion à la Montaigne, qui met la santé de l’esprit là où d’autres voient son plus grand mal ; elle me plaît et me touche chez Daunou, elle est conforme à la nature de cet esprit judicieux et craintif, au moment où, battu des orages, il se retrouve dans la sphère paisible de l’étude et où il respire. […] En prose, il était un arbitre consommé et souverain, mais encore très-armé de distinctions ; il estimait, on l’a vu, la prose du xviie  siècle au moins égale à celle du xviie  ; s’il parlait magnifiquement de Bossuet et le comblait d’éloges sentis, il s’attachait pour son ordinaire à Jean-Jacques, et ne cessait pas de l’admirer de près. […] Il fait entendre que les auteurs de ce projet d’éducation et de leurs adhérents sont des spinosistes ou des déistes tout au moins. » Tout cela est très-bien raisonné, condillaquement parlant, e pure… Le libelliste, comme on l’appelle, avait-il si grand tort ? […] Il y a une disposition sentimentale qui nous fait compatiraux infortunes des autres hommes et nous empêche au moins de leur nuire sans intérêt pour nous-mêmes ; cette disposition n’existait point dans Saint-Just ; cette fibre était déjà paralysée chez lui à vingt-six ans.

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