Je voudrais, s’il se peut, en faire une terre bien fertile et ensemencée de toutes sortes de bonnes choses, afin qu’elles puissent germer à temps et porter les fruits qu’on en peut attendre. » C’est à ce même moment enfin qu’il écrivait au respectable Duhan, son ancien précepteur et maître (10 février 1738) ; « Je suis enseveli parmi les livres plus que jamais. […] Il parle en style figuré de ces sommes qu’il attendait pour payer ses créanciers ; il les désigne comme s’il s’agissait d’un livre sous le titre de la Vie du prince Eugène : Je suis à la fin de toutes mes lectures, et j’attends avec grande impatience la Vie du prince Eugène. […] Cependant le roi Frédéric-Guillaume, son père, était au terme de sa vie et de son long règne ; atteint d’une hydropisie croissante, il ne pouvait plus aller que peu de temps ; chaque jour on attendait sa mort, et les regards, les ambitions se tournaient du côté du prince si longtemps écarté. […] Je regarde avec des yeux d’indifférence tout ce qui m’attend, sans désirer la fortune ni la craindre, plein de compassion pour ceux qui souffrent (son père à l’agonie), d’estime pour les honnêtes gens et de tendresse pour mes amis. […] Il attendait son ami ; il comptait sur lui chaque jour ; il apprit sa mort avant d’avoir pu lui répondre une parole émue.