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30. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les snobs » pp. 95-102

Le snob ne s’aperçoit pas que, d’être aveuglément pour l’art et la littérature de demain, cela est à la portée même des sots ; qu’il est aussi peu original de suivre de parti pris toute nouveauté que de s’attacher de parti pris à toute tradition, et que l’un ne demande pas plus d’effort que l’autre ; car, comme le dit La Bruyère, « deux choses contraires nous préviennent également, l’habitude et la nouveauté. » C’est par ce contraste entre sa banalité réelle et sa prétention à l’originalité que le snob prête à sourire. […] Comme ils courent indifféremment à tout ce qui affecte un air d’originalité, ils s’attachent le plus souvent à des modes ridicules et qui passent ; mais il est inévitable qu’ils s’attachent aussi quelquefois à des nouveautés qui demeurent ; et leur concours, alors, n’est point négligeable.

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