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14. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

La confiance que peuvent avoir les femmes dans les sentiments qu’elles inspirent, peut être, avec raison, l’objet de la raillerie ; mais le talent se montrerait plus fort, le sujet serait pris de plus haut, si c’était au trompeur que s’attachât le ridicule, si l’on savait le faire porter sur l’oppresseur, et non sur la victime. […] Les sujets antiques et leurs imitateurs produisent moins d’effet dans la république que dans la monarchie : les distinctions de rang rendaient encore plus sensibles les peines attachées aux revers du sort, elles mettaient entre l’infortune et le trône un immense intervalle que la pensée ne pouvait franchir qu’en frémissant. […] Les préceptes de l’art tragique ne mettent pas aux sujets que l’on peut choisir autant d’entraves que les difficultés mêmes attachées à l’exigence de la poésie. […] Pour les égaler, il ne faut point s’attacher à suivre leurs traces ; ils ont moissonné dans leurs champs : il vaut mieux défricher le nôtre. […] Plus les mœurs de France sont dépravées maintenant, plus on est près d’être lassé du vice, d’être irrité contre les interminables malheurs attachés à l’immoralité.

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