L’homme de lettres, l’artiste, celui qui, par métier, observe, analyse et exprime ses propres sentiments et par là développe sa capacité de sentir, reçoit de tout ce qui le touche et, en général, du spectacle de la vie des impressions plus fortes et plus fines que le vulgaire : ce n’est pas là, j’imagine, une infériorité pour l’artiste, même en admettant que cette impressionnabilité excessive ne soit qu’un jeu divin, une duperie volontaire et intermittente et qui ne serve qu’à l’art. […] Je vois qu’ici et là elles sont inégales selon les individus ; mais entre les deux groupes je ne vois d’autre différence bien tranchée, sinon que le peuple ne tire rien de son émotion et que l’artiste en tire des oeuvres d’art. […] Et quand bien même le simple souffrirait davantage, en quoi cela lui donnerait-il sur l’artiste la supériorité morale que paraît lui accorder M. […] Plût au ciel que tous les hommes fussent artistes et poètes, s’ils devaient être ainsi moins malheureux ! […] Deschanel67 une Hermione bouleversée par toutes les tempêtes de l’amour, et cependant il semble qu’il y ait en elle un La Rochefoucauld pénétrant qui observe ces agitations et qui les démêle en les exprimant, pareil à cet artiste qui, dit-on, afin d’étudier la tempête sans être emporté par elle, se fit attacher au mât du vaisseau. » Ce que M.